Indignation en Algérie après la condamnation de l'ex-patron de la lutte antiterroriste

La récente condamnation en Algérie de l’ex-chef de la lutte antiterroriste, le général Hassan, a soulevé dimanche l’indignation de la presse et d’hommes politiques qui dénoncent des règlements de compte politiques au moment où la lutte contre le terroriste est devenue une priorité planétaire. “Une affaire politique” selon le quotidien Liberté, “le procès qui scandalise” pour El Watan, “un tsunami politique” pour El-Khabar: les titres témoignaient de la colère d’une partie des journaux indépendants après le verdict.

Le général Hassan, l’un des officiers les plus décorés de l’armée algérienne, a été condamné jeudi par le tribunal militaire d’Oran (ouest) à cinq ans de prison ferme, soit la peine maximale pour les délits reprochés. Il comparaissait pour “destruction de documents” et “infraction aux consignes militaires” devant ce tribunal présidé par un juge civil assisté de deux généraux.

“C’est une condamnation criminelle et infamante qui jette l’opprobre sur le général Hassan et sa famille”, a dénoncé l’ancien ministre de la Défense Khaled Nezzar, qui fut l’homme fort du pays de 1992 à 1994 au début de l’insurrection islamiste qui voulait abattre le régime.

Le général Nezzar s’est dit “surpris par la sévérité de ce jugement qui efface d’un trait toute une carrière d’un homme qui a voué sa vie au service de la nation”.

Agé de 68 ans, le général Hassan, de son vrai nom Abdelkader Ait-Ouarabi, est l’ex-patron du Service de coordination opérationnelle et de renseignement antiterroriste (Scorat), spécialisé dans l’infiltration des groupes terroristes.

Il a été jugé dans un strict huis clos qui rend impossible la connaissance du fonds de l’affaire. Faute de juridiction d’appel prévue par le code de justice militaire, ses avocats ont déjà décidé de se pourvoir en cassation.

Sa condamnation, une première pour un haut responsable des services secrets, est le signe d'”une épuration politique pour crime de non-allégeance” au président Abdelaziz Bouteflika et à ses proches, a estimé le chef du Parti Avant-gardes des Libertés, Ali Benflis, ex-Premier ministre et ex-ministre de la Justice.

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29 novembre 2015 - 13h55