Manifestation à Istanbul pour la libération de deux journalistes incarcérés

Plusieurs centaines de personnes ont défilé dimanche devant le siège du journal Cumhuriyet à Istanbul pour exiger la libération de deux de ses journalistes incarcérés pour avoir fait état de livraisons d’armes de la Turquie aux rebelles islamistes syriens. Les manifestants, pour l’essentiel des journalistes et des élus de l’opposition au régime du président islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan, ont exigé la libération de Can Dündar et Erdem Gül, inculpés jeudi pour “terrorisme”, “espionnage” et “divulgation de secrets d’Etat” et écroués dans une prison proche d’Istanbul.

“Nous défendons la liberté de la presse”, “la presse libre ne se taira pas”, indiquaient certaines de leurs banderoles.

Lors de la manifestation, le président du Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate) Kemal Kiliçdaroglu a qualifié l’incarcération de MM. Dündar et Gül de “tâche noire dans l’histoire de la presse”. “Nous avons la responsabilité de protéger les médias et la démocratie”, a-t-il ajouté.

Samedi, MM. Dündar et Gül ont écrit depuis leur prison pour exhorter les dirigeants de l’Union européenne (UE) à exiger de la Turquie le respect de la liberté de la presse avant de signer un accord avec elle sur les migrants.

Un sommet sur ce dossier réunit l’UE et Ankara dimanche à Bruxelles.

En mai dernier, Cumhuriyet avait diffusé des photos et une vidéo de l’interception, en janvier 2014 à la frontière syrienne, de camions appartenant aux services secrets turcs (MIT) et transportant des armes destinées à des rebelles islamistes syriens.

Le gouvernement turc a toujours nié ce soutien et répété que le convoi intercepté contenait de “l’aide” pour les populations turcophones de Syrie.

Au pouvoir depuis treize ans, le parti du président Erdogan est régulièrement pointé du doigt pour ses nombreuses pressions sur les médias.